Unmourned, unremembered · Robin

( mai 2023 · outfit )

gods die. and when they truly die they are unmourned and unremembered.
La pénombre enveloppe son corps, ses courbes qui se fondent dans l'appartement baigné par l'obscurité. La faible lumière de la lune, plus forte que celles des ruelles autour de l'appartement, maquille les traits de la jeune femme. Comme une ombre qui se glisse dans chaque coin, dans chaque angle, dans le coin d'un regard inquiet, spectre qui s'infiltre partout où elle le souhaite, derrière chaque silhouette, porte ou même mur. Elle écoute, surveille et veille sur ses proies, ses ennemis. Et Robin, elle n'aurait jamais pensé qu'il deviendrait l'un d'eux. Pas après tout ça, pas après chaque moment qu'ils ont passé en compagnie de l'un et l'autre. Pas après lui avoir accordé sa confiance alors qu'elle est si précieuse, si fragile. Mais la réalité frappe plus fort que toute autre blessure. Ce n'est pas une simple coupure, un morceau de peau éraflée. Il a, indirectement, attaqué son âme, son coeur, mais surtout, sa famille. La vie de Kayn a été menacée, son épiderme violenté, et l'espoir qu'il avait placé en Robin, n'était soudainement plus qu'une illusion. Ses ongles s'enfoncent dans sa peau quand ses idées se battent entre elles. Elle l'affectionne, autant qu'elle doit maintenant le haïr. On ne touche pas à ceux qu'elle aime, à ses trésors, à ce qu'elle a de plus précieux au monde. Il y a des limites à ne jamais dépassé. Et on peut dire d'elle est cruelle, elle ne viendra jamais le nier. Car par amour, par attachement, il n'y a plus de pitié qui se dresse en elle.

Une pièce roule entre ses doigts, les secondes s'agitent sur la montre à son poignet, les minutes glissent lentement. Le propriétaire des lieux ne devrait plus tarder, et en elle, bien des émotions bataillent. Il y a quelques années, elle n'aurait pas hésité à le tuer, à le réduire au silence. Maintenant, c'est différent. Il y a trop d'enjeux, et elle ne connaît que trop bien les problèmes que ça pourrait apporter. Le sang ne résout pas tout. La vengeance non plus. Alors ce n'est pas au nom de Kayn qu'elle est là ce soir. Seulement pour elle, le sien. La serrure n'a pas été difficile à crocheter et Robin s'en rendra compte d'ici quelques minutes, avant qu'il ne dépasse le seuil de l'entrée avec précaution, peut-être une pointe d'inquiétude. Et Esraa sait, qu'elle ne bougera pas, qu'elle le regardera droit dans les yeux alors qu'elle est assise sur son canapé. Elle attend, l'heure fatidique, ce moment que même ses entrailles redoutent. Quelque part, elle aimerait que tout ça ne soit qu'un mirage. Qu'un mensonge. Elle aimerait se réveiller sans avoir à s'inquiéter davantage pour la vie de Kayn, d'Hajime, et même la sienne. Car ici comme ailleurs, leurs ennemis ne sont jamais loin.

( mai 2023 · )

gods die. and when they truly die they are unmourned and unremembered.
La mort prend bien des formes. Et lui, il avait bêtement cru pouvoir en être son ombre. Pas pour ceux que l'on pourrait croire. Pas pour Kayn, Esraa ou même Hajime. Car le temps lui avait appris à apprécier des êtres auxquels il était censé tourner le dos. C'était à Calista, qu'il aurait dû ouvrir la poitrine. Mais de la main jumelle, Robin avait failli poignarder un ami. Neela l'avait fait sous des traits qui ne lui appartenaient pas. Et quelle ironie, aujourd'hui, de retrouver le visage de la pseudo meurtrière sur la place qui revenait à sa meilleure amie. Debout dans son salon, Robin observe les traits d'Esraa avec la peine au coeur. La terreur, aussi. Il avait l'impression de revivre le jour où Kayn avait bien failli en finir avec sa vie. Où il l'aurait laissé faire car sûrement le méritait-il après une telle trahison. Trahison qu'il regrettait. Et pas un jour passait sans qu'il ne se demande : « Are you here to finally finish the job ? » Avec la voix de celui qui a déjà accepté son sort. Qui sait ce qui l'attend. Qui patiente après l'amante maudite promise.

Mais ce soir, Esraa n'a pas non plus la forme de la mort. Elle n'a pas emprunté son visage ni son identité. Non. Elle a encore le visage de celle qui, impassible, observe, sonde et juge. Elle a le calme du félin prêt à griffer sans pour autant achever. Et Robin pose ses affaires dans un coin de la pièce en carnage (qu'il n'avait pas pris le temps, non plus, de nettoyer plus que nécessaire après le précédent passage de Kayn) et secoue la tête de gauche à droite. « You're not. » Qu'il se répond à lui-même. Il se dirige vers sa cuisine, les bras un peu tremblants et l'envie de disparaître trop forte dans ses os. Le sol l'appelle à lui et il a envie de s'y oublier (de s'y écraser sans jamais se relever). Elle a les yeux de la déception. Et Robin a déjà bien assez déçu. Aurait préféré ne jamais la revoir. Ne jamais entendre ses déplorations. Ses revendications. Oh, il aurait aimé oublié combien il avait meurtri ce cœur qui avait commencé à s'ouvrir à lui. Il a envie de dire qu'il est désolé mais n'en fait rien. Car ça n'arrangera rien. Et il ne mérite pas le pardon. « Go on. Say what you have to. » Car passé la panique de la porte ouverte de son appartement, il ne restait plus que la désolation.

( mai 2023 · outfit )

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Elle peut prendre bien des apparences, Esraa. Celle d'Oliver ou bien de June. Des proches de Robin, découverts à force de fouiller, de suivre, de tendre ses oreilles un peu trop pour que les informations viennent s'engouffrer dans son estomac qui pourrait tout lui cracher à la gueule. Pourtant, elle est là. C'est son corps, son visage. Celui que Robin avait l'habitude de voir, de fréquenter. Pourtant ce soir, aucun sourire ne vient ensoleiller le portrait de la jeune femme. Il n'y a que la peste, la mort, les rats déjà prêts à dévorer un corps dans le silence pesant de cette nuit. Esraa, elle n'est pas armée. Il n'y a que ses lèvres, sa langue et son venin. Elle ne lui fera rien, mais elle se délecte de sa réaction, du fait qu'il croit qu'elle en serait vraiment capable. Au fond, il n'a pas tort. Pour Kayn, elle pourrait tuer n'importe qui. Pour Kayn, par vengeance, parce qu'on ne touche pas à sa famille, à ceux qu'elle aime. I'm not. Qu'elle répète, dans un ton qui reste neutre, pour le moment. Aucune joie, aucune tristesse, pas même la colère qui bousille ses entrailles, celle qu'elle refreine. Son regard suit sa silhouette comme un félin, alors qu'elle se lève, marchant dans ses pas comme elle se fond dans son ombre. Are you sure? Qu'elle demande de cette fois qui sonne comme fatale, comme fatidique. I don’t even know who you are anymore. Tournant autour de lui pour lui faire face. Observant d'abord ses bras, ceux qui tremblent de peur, pourtant aucune satisfaction ne nait sur son visage. Puis son visage, ce regard qui l'évite. De ses griffes, tel un corbeau attrapant sa proie, elle le force à lui faire face alors qu'elle tient son menton entre ses doigts. Who are you? I thought you were a friend. But you’re a traitor. A disappointment. Appuyant ses mots alors qu'elle serre ce visage si fin entre cette main qui pourrait, si elle le pouvait et le voulait vraiment, lui arracher la vie. You're nothing. You’ll always be nothing. Is that what you want? Puis elle le lache, comme si elle venait de se salir les mains à son propre touché, venant les passer sous l'eau avant de les essuyer sur sa jupe. You made the worst mistake of your life. I see Kayn already made you understand that. Good. Et de nouveau, elle le frôle, passe dans son dos, passant ses doigts sur ses affaires, les documents, quelques papiers qu'elle laisse volontairement tomber sur le sol, des potions qu'elle inspecte avant de les laisser s'écraser sur le sol, brisant le silence en même temps que le verre. Why Robin? Why? Il y a l'amertume dans sa voix, ça s'écrase contre sa gorge, ça fait mal, à son coeur, à son être, à celle qui avait offert sa confiance pourtant si sacrée. Why us? Elle ne voulait que des réponses, elle ne voulait qu'enfoncer encore plus loin ce couteau déjà pointé sur son coeur. Peut être que le pire châtiment qu'ils pouvaient lui infliger : c'était celui de vivre avec ce poids sur ses épaules.

( mai 2023 ·  )

gods die. and when they truly die they are unmourned and unremembered.
I don't even know you anymore. Qu'elle dit. Et ça le heurte. Ca le prend à la poitrine et Robin, ah, Robin, il a envie de lui crier en retour qu'il a toujours été le même. Qu'il n'avait jamais menti sur son identité. Qu'il n'avait jamais feint les sentiments qu'il avait pu ressentir en sa présence. En celle de Kayn, aussi. Même Hajime, qui ne lui avait jamais trop offert d'importance avait eu une petite place dans sa poitrine. Et jamais il n'aurait aimé les voir partir. Les voir crever. Mais dans le tableau se peignait Neela. Et Neela avait, dans sa poitrine, la place sur le trône. Celle qui menaçait peut-être de faire s'effondrer les autres qui ne se tenaient qu'en sujets quand elle était reine. Robin, en bon bouffon, en bon prince, aussi, étrange mélange de celui qui amuse et offre loyauté, avait tout le cœur à la voir heureuse. Mais, tentant pourtant de ne pas oublier ses propres émotions, il avait comploté dans le dos de celle qui régnait. Il avait tenté de sauver Kayn à sa toute petite échelle. Et ça avait fonctionné. Car il était encore là, debout et bien vivant. Mais il ne dit rien. La laisse tourner comme lionne autour de sa proie avant qu'elle ne force les regards à se rencontrer. Et il ne mérite pas de s'exprimer sur ses émotions, lui. Contient, contient, et explosera peut-être dans les bras de Neela, plus tard. Ou seul, dans son lit.

Robin est un traître. Et elle ne semble pas vouloir changer sa vision des choses. Il ne peut pas lui en vouloir. Mais quelque part, il a envie de se défendre. Ne sait pas quoi dire pour le faire. Avait déjà tout offert à Kayn lorsqu'il était venu lui rendre une visite de courtoisie. Chaque papier qui vole, Robin se tend. Chaque flacon qui claque, le regard vacille. Et finalement, lorsqu'elle atteint ses dernières recherches (les plus prometteuses), la vivacité de son mouvement le surprend lui-même. Il se saisit de son poignet, le tient fermement contre sa paume et observe le flacon tanguer au bout des doigts de la femme. Grimaçant, il se saisit du flacon et le ramène derrière lui comme le ferait un enfant. Lorsqu'il redresse le visage vers Esraa, c'est la culpabilité et la colère qui brille dans ses yeux. « Because she's always been after him. Because I thought I would be brave enough to get to the end of it without fearing for my life. For yours, too. Turns out I was a coward. » Et il grogne entre ses dents alors qu'il s'abaisse et s'affaire à ramasser ses papiers tout partout semés comme si ça ne faisait rien, après tout, d'ainsi les jeter. Ainsi les désordonner. Mais Robin sentait ses mains trembler alors que leur texture venait râper le bout de ses doigts. « Kayn already told me what a bitch I was. If I'm nothing, then forget about me and get out. » Mais il baisse le visage, en parlant. Car il aimerait la retenir. Lui dire combien il aurait aimé qu'ils soient véritablement amis.

( mai 2023 · outfit )

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So won't you please spare me indignity
And won't you please give me some decency

C'est ce qu'on son regard pourrait hurler à cet instant alors qu'il y a un mélange de tristesse, de déception, de colère en meme temps, chez Robin. Il y a tant d'émotions à l'intérieur, celles qu'elle n'a jamais réellement vu avant, Esraa. Il se dresse là, au milieu de cet appartement où elle a l'impression de n'y voir qu'un inconnu, un lâche, la misère d'un traitre. C'est ce qu'il est, ce qu'elle se répète en boucle, encore et encore jusqu'à ce que ça fasse mal, jusqu'à ce qu'elle hurle à sa migraine de se taire, vieille sorcière qui lui rappelle à chaque instant ces souvenirs qu'elle voudrait éviter. Esraa brûle d'une rage trop calme, et ça depuis longtemps. Depuis des années, ça gronde, sa se faire pourtant violence entre ses entrailles. Alors il y a quelque chose de satisfaisant quand elle fait voler ces affaires, brisant ses recherches, une par une, un sourire dans le coin de ses lèvres. Il y a une certaine fierté dans sa poitrine, celle qu'on gonfle, quand elle voit qu'il ne peut le supporter ; ô elle le savait très bien. Robin, il a horreur qu'on touche à tout, qu'on lui arrache ses recherches, des heures de travail, pour ne mener à aucun résultat. Et enfin elle le trouve. Ce gosse avec un brin de courage au fond de lui, alors qu'il l'arrête, reprend le dernier flacon pour le porter hors d'elle. A coward. That's true. What were you thinking? Do you think it's that easy? Did you think everything would turn out the way you wanted? Oh, you are so naive. Et faussement, son visage mime la pitié, mais elle n'est qu'hypocrisie, car elle se refuse de s'accrocher à cette âme qui n'est que traitresse, à celui qu'elle pensait... You were my friend. Elle s'abaisse à son niveau, attrapant son visage, de nouveau, de ses griffes, prête à lui arracher les yeux, et la langue s'il le faut. Now, you're just trash. I hope you end up rotting here, with no one by your side. That's all you deserve for being a traitor. To think you could touch my family without repercussions. Un léger rire s'échappe de ses lèvres alors qu'elle le lache enfin, le repoussant en arrière. Tentée une dernière fois de tout détruire autour d'elle ; mais il ne mérite pas plus d'attention de sa part. If I see you again, hide. Because I won't be as nice as I am today. Qui se souffle comme un soupir alors qu'elle s'éclipse, comme toujours, sans un bruit, dans les ombres de la nuit, ne laissant plus que les cauchemars dévorer la carcasse de celui qu'elle a un jour considéré comme son ami.

( mai 2023 ·  )

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Robin ! Robin, grand naïf ! Il est certainement l'enfant des espoirs. Des désespoirs, aussi. Celui qui porte sur le cœur trop gros sans jamais réussir à s'en décharger. Il est celui qui agrippera trop fort les bords du plateau en espérant que ça en finisse au plus vite. Il est celui qui aura toujours cru réussir dans ses objectifs sans savoir qu'au fond, ça finirait par éclater. Il en avait pourtant eu la preuve avec Oliver et June. Pourquoi recommençait il à chaque fois ? Pourquoi s'acharnait il sur des valeurs qui ne verraient jamais le bout du tunnel ? Il est enfant de l'ombre, Robin. Il est celui qui espérait trop sans jamais parvenir à aller au bout des choses. Alors là, entre les doigts, les papiers semblent déchirer la peau. Le timbre de la voix d'Esraa rape les oreilles. Et il rentre le visage dans le cou, jusqu'à ce que son visage soit pris entre deux doigts comme s'il était si facile de le guider droit vers le chemin le plus court (la fin de ses objectifs tout au loin) (et ça l'est). Il tremble, sans savoir quoi répondre. I know ! Qu'il a envie de hurler. Au lieu de ça, il tente de retenir les larmes qui menacent de couler, qui embuent sa vue mais qu'il ne laisserait pas s'échapper.

Pourtant, là, tremblant, Robin inspire et ça donne l'impression de s'étouffer avec du verre. Il secoue la tête, il se défait de cette emprise et observe l'ombre qui menace de s'échapper. Il ne veut pas la voir partir comme ça. Il voudrait peut-être réparer les pots cassés. Un jour, peut-être. Jamais, sûrement. « Take care of them. » Qu'il ose dire et ça lui donne envie de vomir. Quelle furie pourrait-elle devenir à ces simples mots ? Mais ils ne sont remplis que de sincérité. Car peut-être que si Neela n'avait jamais existé, il aurait pu faire partie de cette famille. L'aurait souhaité. Il n'est qu'un traître, aujourd'hui. Hier, il était un petit frère. Et si jamais elle le recroisait, que ferait-elle, Esraa ? Terrifié à l'idée de ne serait-ce que la revoir sans qu'enfin, l'on mette un terme à cette guerre, Robin ne préfère pas y penser. Et quand elle n'est plus là , il ferme la porte à double tour, les fenêtres, les bouteilles. Il ramasse le verre et s'arrache les peaux sur le coupant de leur versant. Il ne pleure pas. Ne se plaint pas. Il nettoie et dans sa tête, c'est la tempête. Mais en extérieur, il encaisse.
Parce qu'il ne mérite pas de pitié.